22/05/2009
L'attentat
En voici les premières lignes :
Je l’ai remarquée alors qu’elle avançait à pas hésitants vers la girafe. Col roulé noir, pantalon et baskets idem. Elle s’arrête un instant, très bref, lève la tête vers ce cou infini puis reprend sa marche lente. Impossible de détacher mon regard des longs cheveux rouges qui lui masquent en partie le visage.
Arrivée à la hauteur de l’hippopotame, elle retient une nouvelle fois son pas. Elle s’accroupit devant, comme fascinée par cette peau caoutchouteuse et figée. Puis, très vite, elle se redresse. Un regard autour d’elle, les cheveux balayant l’air, et elle repart.
Elle vient d’abandonner quelque chose.
Dans mon coin, je ne bouge pas. Je suis venu au jardin des plantes pour dessiner des animaux sur le vif, mais, avec cette pluie grise qui noie Paris depuis le matin, je me suis réfugié dans la galerie de l’évolution. Au sec. Lorsque l’on reste immobile assez longtemps, un crayon et un bloc à la main, on finit par se fondre dans le décor et se faire oublier de tous. Pourtant, passant à ma hauteur, elle me repère. Dans son regard, la surprise et peut-être la crainte d’avoir été observée à son insu laissent la place à une lueur de défi puis, très vite, de malice. Elle semble apprécier la situation et je ne comprends pas pourquoi.
23:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blue cerises
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