04/04/2010
2065, les pilleurs d'eau
Second épisode paru.
Voyager dans le temps pourrait offrir des avantages. Emile avait bien furtivement pensé, lors de son premier voyage, de s'enquérir des résultats du loto, du bingo et du tiercé, quarté, quinté, mais au dernier moment, il avait eu d'autres priorités. Aujourd'hui, les problèmes financiers qui pleuvent sur sa famille lui font réenvisager un second voyage. Juste pour avoir ces résultats.
Evidemment, les choses ne se passent pas encore exactement comme il l'avait prévu. Dans ce nouvel état du monde en 2065, la raréfaction de l'eau est devenue un problème qui régit la vie de toute la population. Emile va se trouver impliqué dans un complot visant à mettre à jour les malversations faites par ceux pour qui utilise le pouvoir comme une arme. Ce qu'il ne pouvait pas prévoir, c'est que sa famille va encore une fois être présente dans ce combat...
En voic le tout début :
Je l'ai aperçue de loin. Bleu, marine évidemment, fatiguée, déglinguée, bref, au bout du rouleau. Et de la voir là, au pied de notre immeuble, au moment où je rentrais du collège, ce n'était pas bon signe.
Mon père nous annonçait régulièrement que, dès que les finances remonteraient, nous la changerions, mais en réalité, il passait une partie de ses repos à lui renouveler les joints de culasse, à recharger sa batterie exsangue, à rafistoler son pot d'échappement apocalyptique. Je crois qu'il l'aimait, sa voiture, et ça tombait bien puisque, des sous pour en acheter une neuve, nous n'en avions pas. D'ailleurs, sa présence boulevard de la Mer à une heure inhabituelle ne signifiait qu'une chose : papa était rentré plus tôt que prévu, donc la pêche n'avait pas été bonne, donc notre banquier ne nous sourirait plus avec la même aisance, donc, pour Noël, ce serait un carambar chacun, un potage et au lit. Chouette.
Le salon était vide, la télé éteinte, ma mère encore au boulot. Une seule lumière veillait dans la chambre de Clémence, courageux petit phare dans cet océan de silence.
-Clem ? j'ai crié. T'es là ? Comment se fait-il qu'il y ait déjà la voiture de papa ?
Mais ce n'était pas Clémence.
11:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 2065
03/04/2010
2065, La ville engloutie
C'est une nouvelle aventure qui commence. Une nouvelle série que j'ai imaginée pour les éditions Milan.
Emile, pas très concerné par les problèmes d'environnement, vit à Saint-Port-Sur-Mer avec ses parents et sa sœur jumelle, Clémence, militante dans l'âme. Emile doute de lui même et se demande si, plus tard, il sera quelqu'un de bien. Et ça, il va pouvoir le savoir, grâce à son grand-père, Vladimir, qui lui offre la possibilité de voyager dans le temps pour aller y voir.
Evidemment, les choses ne vont pas se passer aussi facilement que Emile pouvait l'espérer. Il se retrouve bien plus tard, en 2065, dans un monde où les conséquences de nos choix climatiques ont considérablement changer la façon de vivre et où le niveau des mers a augmenté plus qu'on ne le pronostiquait. Emile va néanmoins chercher à savoir ce qu'a été sa vie, mais, étrangement, des embûches compliquent son enquête. Il sera pourtant aidé par une jeune fille de son âge, Alaska (qui a quand même 55 ans de moins que lui) et qui va le guider dans ce monde transformé. Qu'est devenu Emile âgé de 70 ans ?...
Voici en prime le début du chapitre 1 :
-Gros naze !
Qu’elle m’a fait, Mélanie. Comme ça, sans raison. Nous attendions l’ouverture du collège, elle zonait avec sa bande, et moi, à l’écart, je mangeais un Bounty. Tranquille. Je venais juste de l’entamer quand elle s’est retournée. Gros naze. Je l’ai regardée avec mon air bovin.
-Qu’esche t’as ? je lui ai demandé.
-T’es qu’un naze, voilà ce que j’ai.
-T’es malade. Ch’tai rien dit.
Le Bounty, c’est délicieux, mais pour tenir une conversation, ça pose un léger problème de diction.
-C’est ça le pire, qu’elle a enchaîné, tu ne te rends même pas compte de ce que tu fais.
Et elle a fixé le sol où il n’y avait strictement rien. Enfin, presque. Mises à part de vagues tâches d’huile, une fissure dans le goudron. Et l’emballage du Bounty que j’essayais d’avaler.
-L’emballage? Ch’est cha ?
-Exactement. Tu pollues la terre, tu pourris le monde.
-Arrête. La terre ne va pas ch’effondrer pour un papier, même gras.
-Si nous faisions tous comme toi, nous vivrions dans les immondices. Gros naze un jour, gros naze toujours.
Elle m’a lâché ça avec un petit froncement de nez charmant, tout en ôtant ostensiblement de son pull mes minuscules postillons de noix de coco. Déglutissant, j’ai essuyé mes lèvres d’un revers de main avant de me baisser pour ramasser cet outrage fait au décor somptueux de notre bahut.
-Voilà, j’ai dit en fourrant l’emballage dans ma poche, la terre va pouvoir continuer à tourner !
Mais, lorsque je me suis relevé, Mélanie avait disparu.
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